La Maison

Quel minuscule mur m'ouvrait jadis sa porte !
Affalé face au soleil, sur de vermeilles
Fleurs éparses ligotées par l'ombre morte,
Il semble se lamenter, convoitant le ciel.

A l'aurore, ses deux blanches briques s'enlisent
Au cœur d'une crémeuse brume et s'y engluent
Tandis que les frêles églantiers sur la vase
Jouent, dansant sous la brise qui afflue.

Face au zénith, ses deux briques rouges transpirent,
Croulent sous la chaleur d'un été ravageur
Où le chant des cigales et la saveur des mûres
Côtoient l'odeur des temps aux délicieuses ardeurs.

A la fin, au crépuscule, les ombres frôlent
Les cent briques grises et caressent enfin les tuiles
Envolées, qui laissent aux gouttes à tour de rôle
Arroser de souvenirs la maison fertile.