Le Rêve

L'archipel de sa raison vogue à l'horizon ;
L'oraison du Nègre, aux allures de marbre,
S'égare dorée dans les cieux éclatants.
L'Infini s'ouvre à lui et l'enchaine inconscient.

L'Infini s'est ouvert ! Et tout ses sangs s'écoulent ;
Plus noirs que les nuits égarées de l'Afrique,
Baignés dans les sables acides de l'inconstant,

Flous de flots inconscients déversés par les Très :
Les mers lymphatiques, aux remous argentés,
Éclatent les Riens contre les rochers ardents !

Des armadas éclatants voguent tout là-haut :
Tais-toi ! Écoute-les, ils flottent en un murmure,
Ces cotons trempés par l'Ether des bleus azurs.
De leurs canons filent des lumières opales ...

Regarde ces soleils ! Ils volent et volent encore !

De tout ces sangs découlent, en un soupir astral,
Les ancres stellaires des Rêves indomptés.

Une odeur de ruine échappe son palais ;
Après les encres noires de la nuit de glace,
Après les temps-vols et ses frégates anglaises
Après les serpents rieurs des marbres vaudou,

Aux airs de prés rouge - colériques encens -
Les vastes champs de Mars, perdus dans l'éperdu,
Brûlent ton cerveau et défilent incandescents :
Les vertiges de l'an mille s'en souviennent !

L'archipel de l'irraison vole l'horizon ;
Et la Raison meurtrie, perdue dans l'espace,
Flotte inconsciente, noyée par la nuit.