Un papelard posé sur un coin de table :
"Journal de bord trouvé au bord du Pacifique :
Le carnet de papier, aperçu dans le sable
Par un allumeur de réverbère atomique, […]"
"Réverbère atomi … ?". Je tournai la page.
" […] était de couleur noire et les pages d'ivoire
Me semblent être l'écrin d'une incroyable histoire.
Marin de profession, collier de barbe blanche,
Fumeur de cigare, au ciré jaune étanche ;
Ainsi se présente notre feu rédacteur,
Calciné par les flammes bleues des lointains
Alors qu'il voguait où le portaient les haleurs.
Son carnet noir se paraît de l'écrit ci-joint :
Vingt-deux septembre dix-huit cents trente-deux
Les apaches rattrapent de leurs ombres rouges
Mon bicoque affrété dans une course folle.
Le fantôme de la nuit envahit mes songes.
Ma raison s'est enfuie pour de lointains atolls.
Je pars aujourd'hui pour un plus long périple
Aux abysses noires de la mélancolie
Aux ahuris emportés par les courants souples,
Rejoindre mon âme aux coraux infinis. "
Je reposai mon journal sur la table blanche.
"Un réverbère atomique ?"
